13-14 août 2019
Pour le premier bivouac de ma vie dans la chaîne des Pyrénées, j’ai longuement été indécis sur l’endroit. J’ai tout d’abord exclu le parc national et les réserves naturelles, trop restrictifs sur la réglementation. Il me fallait également partir d’assez haut, pour atteindre une altitude correcte sans pour autant taper dans du 1000 m de d+. Naturellement, mon choix s’est orienté vers le secteur du col du Tourmalet, plus précisément le Lac Bleu.
Après 2 jours de mauvais temps, la météo annonce un beau mardi.
Pourtant, en vallée, le ciel est fortement encombré jusqu’en début d’après-midi, où j’entame l’itinéraire en voiture. En analysant les webcams du secteur, en particulier celle du Pic du Midi, il s’avère qu’une mer de nuages a investi les lieux. Elle paraît assez haute, vers 2600 m. Je fais le pari qu’elle s’abaissera et me rend alors à l’un des derniers virages avant le Tourmalet, vers la cabane de Toue (1944 m), il est 16h45. Quelques trouées de ciel bleu déchirent çà et là l’épaisse masse nuageuse. La première partie de la rando s’effectue à flanc de montagne, de façon assez plate, jusqu’à atteindre la combe d’Aouda. De là commence véritablement l’ascension, sans grande difficulté, dans un environnement très brumeux.
En parvenant jusqu’au col d’Aoube (2369 m), je m’extirpe de la mer de nuages. Je m’aperçois que le Lac Bleu, dans une cuvette topographique, est pris dans la brume. Stratégiquement, il ne faut pas aller là-bas, mais plutôt trouver un endroit en hauteur. Regard à droite, regard à gauche, je jette mon dévolu sur ce sommet plutôt accueillant pour un bivouac : le pic de Bédéra (2513 m). Léger hic : je ne vois pas de sentier pour l’atteindre. Qu’importe, je l’aborde par le flanc nord. La pente assez raide m’oblige à mettre les mains pour grimper, toute chute serait problématique. Heureusement, les prises sont nombreuses pour m’assurer et vers 19h30, me voilà au sommet. Le lieu va bien au-delà de mes espérances car non seulement il offre un spot de bivouac plat et herbeux, annonçant une nuit confortable, mais c’est surtout le panorama époustouflant à 360° qui en jette. Avec cette mer de nuages, les Pyrénées se sont transformées en archipel, du Pic du Midi jusqu’à la brèche de Roland que j’aperçois au loin. Au col juste en dessous de moi, un déversoir brumeux défile. C’est juste magique. L’effet « wahou » est décuplé au coucher de soleil, grâce aux teintes chaleureuses sur les massifs. Au même moment, la quasi pleine lune se lève par-delà les cimes. Bien entendu, j’immortalise ces belles scènes jusqu’aux dernières lueurs avant d’aller monter la tente, manger puis dormir.
Au milieu de la nuit, réveillé, je jette un œil dehors : la mer de nuages est en train de se disloquer, elle ne sera probablement plus là au petit matin. Effectivement, vers 6h30, quand j’émerge de mon duvet, la brume a disparu malgré le zéro degré indiqué au thermomètre. Dommage. Je prends tout de même plaisir à observer et photographier le lever de soleil, puis retourne me reposer jusqu’à environ 10h30, accompagné par le vol de vautours à quelques dizaines de mètres au-dessus de moi. Vers 11h, je quitte les lieux. Cette fois, je n’emprunte pas le même « chemin » que la veille, encore plus dangereux à la descente qu’en montée. Les prises de vue par drone m’ont montré que l’itinéraire par le versant ouest est beaucoup plus sécuritaire, avec une pente plus douce. Je descends donc tranquillement jusqu’à un col sous le Pic de Barbe et retrouve un semblant de trace signalée par quelques cairns. Je poursuis pour récupérer le sentier menant au Lac Bleu, ce qui me permet de remonter au col d’Aoube, il est midi. A 13h45, sous un ciel complètement bleu, j’arrive à la voiture, épilogue d’une bien belle sortie, concluant parfaitement ce court séjour pyrénéen.