30-31 mai 2020
Ce dernier week-end de mai, annoncé beau, est synonyme de virée en montagne. L’envie d’aller explorer les Aravis s’est faite grande durant la semaine, mon choix s’est alors porté sur la Pointe de Mandallaz, sommet dans la partie méridionale de la chaîne, près du Charvin. Venant du Grésivaudan, j’opte pour l’itinéraire sur le flanc oriental. L’accès s’effectue en prenant la longue route au-dessus d’Ugine, jusqu’au col de l’Arpettaz. Dès lors, il faut emprunter la bien-nommée route des montagnes, une piste assez chahutée pour ma modeste Clio. Ce chemin permet de rejoindre le col des Aravis, plus au nord. Pour ma part je m’arrête au Merdassier du milieu, à 1598 m, lieu de départ de la rando. De là, je vois mon objectif du jour, qui me surplombe majestueusement. La réputation des Aravis et l’analyse de la carte IGN ne laissaient aucun doute sur le caractère ardu de l’ascension. Des courbes de niveau très serrées et un sentier qui les sillonne : « dré dans l’pentu » est une expression locale fort à propos.
La météo avait annoncé une possible dégradation diurne sur les Alpes, en raison d’une masse d’air froide positionnée sur le centre de l’Europe. Elle ne s’y est pas trompée. Le ciel s’est couvert et il fait plutôt frais. Le début de la grimpette est même accompagné de quelques gouttes, sans conséquences.
La pente est raide, très raide. Cela a néanmoins l’avantage d’engranger du dénivelé rapidement, en 50 min, près de 400 m sont avalés en arrivant au col du champ tartif. Il faut ensuite remonter l’alpage jusqu’à atteindre le sommet, sur lequel j’arrive vers 17h15. Il ne m’aura fallu au total que 1h40 pour y parvenir. J’y suis accueilli par une petite averse, m’obligeant à me protéger sous ma toile de tente, faisant office de poncho. De là-haut, on voit nettement la différence de météo entre l’est, chargé en nuages, et l’ouest, avec un ciel clair. De bon augure pour la suite.
J’étais prévenu du caractère exigu de la Mandallaz mais le seul replat est idéalement dimensionné pour installer la tente, avec le vide de chaque côté. La prudence devra être de rigueur.
L’horloge tourne et au fur et à mesure que le soleil décline à l’horizon, les nuages sont progressivement chassés. Vers 20 heures, les lieux bénéficient d’une belle luminosité. Au loin, à l’ouest, l’atmosphère est partiellement bouchée, je ne m’attends donc pas à des couleurs crépusculaires. En effet, à l’heure du coucher, l’étoile y est filtrée et change d’apparence en devenant une petite boule rouge, spectacle éphémère.
Je pars me reposer un moment dans mon duvet et ressors vers minuit faire quelques images nocturnes d’un paysage éclairé par un quartier de lune. Je ne parviens pas à être convaincu des résultats obtenus, je n’insiste pas et entame ma courte nuitée.
A 5 heures, le réveil sonne, je passe la tête dehors et stupeur : une mer de nuages assez élevée s’est installée, vers 2500 m. Côté Mont Blanc, quelques trouées de ciel bleu subsistent, laissant quelques raisons d’espérer. Je patiente jusque vers 6 heures et finalement le soleil pointe le bout de son nez, furtivement entre quelques nuages. S’en suit pendant environ une demi-heure un jeu de lumière plutôt esthétique, avec la percée des rayons qui illuminent çà et là quelques villages de Haute-Savoie en contrebas. Une belle ambiance.
Après une petite sieste, je remballe le tout et quitte les lieux à 9h20, pour retrouver la voiture 1 heure plus tard. Voilà une rando qui aura réservé quelques bons moments inattendus, avec un spot de bivouac assez impressionnant.