17-18 octobre 2020
On poursuit le court séjour dans les Hautes-Alpes. Après m’être restauré à Briançon, je ne traîne pas et reprends la voiture, direction l’une de mes vallées alpines préférées : la Clarée. A cette époque, il n’est plus nécessaire de prendre la navette obligatoire pour se rendre au terminus de la route, ce qui laisse plus de libertés. Passé Névache, les forêts de mélèzes apparaissent sur les versants, elles commencent tout juste à prendre leur teinte dorée. A la mi-octobre, ce lieu est encore plus magnifique, les couleurs vives enivrent le pèlerin, entre le bleu profond du ciel, les alpages roussis, les conifères jaune étincelant et les premières neiges en altitude. Samedi oblige, le parking au bout de la route est rempli, l’endroit est prisé.
J’attaque la rando à 14h40, avec une modeste ambition, celle de rejoindre le secteur des lacs long et rond, pour environ 450 mètres de dénivelé. J’étais déjà venu ici il y a 7 ans quasi jour pour jour, j’y avais trouvé d’excellentes conditions.
Sous un soleil radieux, j’avance péniblement, les jambes sont encore lourdes et le sommeil haché de la nuit précédente accentue la fatigue. Un peu plus d’1h30 plus tard, l’objectif est atteint. Le petit plan d’eau que je convoitais pour son reflet parfait est déjà gelé. Il est entré en sommeil pour de longs mois. Un replat en contrebas, bordé par un autre lac partiellement pris dans la glace, me paraît accueillant. J’y plante la tente sur un recoin herbeux et profite des quelques dizaines de minutes de soleil avant que celui-ci disparaisse derrière la montagne. La fin de journée approche, le ciel reste uniformément vierge de nuages, seule une écharpe de brume au nord-ouest, près de la Pointe de Rochachille, anime les cimes. Cette scène m’occupe jusqu’aux derniers rayons de soleil, puis de rejoindre mon abri de fortune, il est à peine 19 heures. Je mange mon casse-croûte en regardant un film. À la fin de celui-ci, je sors capter les paysages nocturnes. Aucune lune ne vient trahir la profondeur de la nuit. Seuls les sommets enneigés émergent de l’horizon céleste, sous la bienveillance de la Voie Lactée, bien visible par ce temps clair. L’avantage de ces escapades automnales, c’est d’avoir des nuits plutôt longues, faire un peu d’astrophoto n’empiète pas sur le sommeil, à la différence d’un mois de juin par exemple. Vers 23 heures, extinction des feux. Contrairement à la veille, le froid est moins mordant. Certes les températures sont négatives, mais moins impactantes pour l’organisme.
A 7h15, le réveil sonne. Ni une ni deux, je quitte la tente à la recherche d’un bon spot, tandis que l’heure bleue bat son plein. Je capte les premières lumières depuis le lac partiellement gelé, avant d’aller retrouver un promontoire dominant le Lac Long. C’est un décor de carte postale alpine qui se dresse devant moi. Je profite longuement de ce paysage, en le contemplant, puis de retrouver mon gîte pour me reposer. Il ne faut guère de temps au soleil pour arriver ici. Ses rayons sont les bienvenus, pour la chaleur qu’ils créent sous la toile.
Vers 10h45, j’entame le chemin du retour. Plus bas, un crochet en direction du torrent en fond de vallée me permet de faire quelques images classiques du lieu mais ô combien efficaces, avec le cours d’eau, les mélèzes flamboyants et l’emblématique main de Crépin.
Malgré la tempête de ciel bleu qui s’est abattue sur la Clarée, cette visite aura été fort belle. Des paysages magiques, un calme apaisant et des couleurs explosives, bien loin des tumultes actuelles des grandes villes…
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