Il n’aura échappé à personne que ce début juillet est relativement maussade, entre la fraîcheur, la pluie ou les orages vespéraux. Du mieux est annoncé ce week-end. Je n’attends pas qu’il soit commencé : au dernier moment, sur un coup de tête, je pose mon vendredi après-midi et me voilà embarqué sur les routes alpines, direction la Maurienne. En ligne de mire, le Thabor. Un sommet que j’ai maintes fois approché, mais jamais gravi. Il faut dire que celui-ci se mérite et avec mes 20 kg sur le dos, je préfère l’aborder sur deux jours.
Il est 16 heures, la voiture est garée au Parking du Lavoir (1900 m), au bout d’une piste partant de la station de Valfréjus. C’est sous un ciel bleu et quelques nuages débonnaires que j’entame le périple. Je vise le lac de Peyron comme étape.
Rapidement, j’avale le dénivelé et c’est à 17h30 que j’atteins le Col de la Vallée Étroite (2433 m). Le sentier poursuit en direction du sud-ouest, à flanc de montagne, pour ensuite sillonner dans un vaste éboulement, au sein duquel est blotti le lac de Peyron (2440 m). Il est 18h30. Un replat entouré de pierres empilées semble constituer un lieu de bivouac approprié. Je dépose le sac et vais prospecter autour du lac. Rapidement, j’en viens à la conclusion que le spot n’est pas adapté pour y faire de la photo : trop encaissé, pas de vue ouverte et une grande falaise qui surplombe le plan d’eau. Il faut aller plus haut. Je remets mon fardeau sur le dos et poursuis l’itinéraire. Moralement, c’est un peu dur de repartir quand on s’était préparé à ne plus bouger de la journée, mais l’idée de trouver plus loin un spot digne de ce nom redonne de la motivation.
Le sentier grimpe raide puis s’enfile dans une combe au pied du Grand Seru, rocher aussi ciselé que graphique. A quelques enjambées du col des Méandes, j’observe sur la droite un bel espace enherbé près d’une crête. L’endroit me semble fort inspirant et le rejoins aussitôt : aucun doute, c’est ici que je passerai la nuit. La vue y est exceptionnelle : vallon du Peyron, vallée étroite, Grand Seru et une quantité de sommets, dont le Thabor qui me domine au nord-ouest. Il est 20 heures.
A peine ai-je fini de monter la tente que le spectacle commence plus bas. Une mer de nuages peine à s’immiscer à travers le Col de la Vallée Étroite, un ballet atmosphérique dont je me délecte, jusqu’au coucher de soleil. Ce dernier vient parfaire le paysage, plongé dans des tons rougeâtres éphémères, rendant incandescents les cimes qui me font face. Des conditions idéales !
L’atmosphère est chargée en humidité, la tente est déjà tapissée de gouttelettes d’eau, tout comme les objectifs, pas très rassurant pour mes ambitions nocturnes. Vers minuit me revoilà à tutoyer le vide sur la crête, pour y capter la Voie Lactée particulièrement visible en cette nuit de nouvelle Lune, sans pollution lumineuse. Par contre, comme je le craignais, le timelapse de deux heures n’a pas été un succès, de la buée s’étant formée sur la lentille frontale.
Vers 5h30, je sors de mon sommeil pour mettre le nez dehors : pas un nuage à l’horizon. Je fais tout de même quelques images des premiers rayons de l’aube puis retourne me reposer. Cette longue sieste permet à ma tente détrempée de sécher progressivement. J’émerge de celle-ci vers 10 heures et vois sur le tout proche sentier de nombreux randonneurs à l’assaut du GR57.
A 10h40, me voici à les rejoindre direction la dernière étape de ma virée, le fameux Mont Thabor. Seuls 475 mètres de dénivelé me séparent du sommet…