On poursuit les pérégrinations estivales malgré la fatigue qui commence à s’accumuler dans les jambes. Pour la troisième fois en un mois, direction la Haute-Maurienne pour aller explorer une vallée que j’ai pu observer quelques jours auparavant depuis mon cher promontoire au Colle del Sommeiller : la vallée d’Ambin. Ce paysage post-glaciaire a attiré ma curiosité et l’envie d’aller sillonner ce coin a été plus forte. Alors direction la vallée reculée depuis Bramans, jusqu’au terminus de la route. Malheureusement, suite à un éboulement en 2020, le parking de la Maroqua n’est plus accessible, obligeant à se garer 1 kilomètre avant, au point coté 1895 m. Il est 13h30 quand sonnent les premières foulées de cette randonnée qui s’annonce longue. Pour cause, il faut tout d’abord effectuer une longue marche d’approche en petite montée, en passant par le Refuge d’Ambin (2270 m) et jusqu’à la passerelle d’Ambin (2340 m). Il aura bien fallu deux heures pour y parvenir.
De là, les cuisses et le cardio vont être mis à rude épreuve, puisque le sentier aborde un raide versant jusqu’au plateau où repose le Lac Noir (2800 m). Heureusement, les températures ont baissé ces derniers jours, rendant l’ascension un peu plus supportable. Il est environ 17h30 quand le lac est atteint. Je repère un endroit herbeux plat à l’écart de celui-ci. L’ambiance y est d’un grand calme, à peine chahutée par le bruit lointain des torrents ou des pierres déstabilisées par le passage de bouquetins sur le versant d’en face.
La fin de journée approche, il est l’heure d’aller immortaliser les belles couleurs crépusculaires. Mais la brume s’invite à la partie et rend l’exercice plus compliqué au niveau du lac noir : c’est trop encombré sur ce secteur pour capturer le reflet de la Rognasa d’Etache, alors direction un petit lac au nord-est, les Dents d’Ambin sont quant à elles sous le feu du projecteur stellaire. Ceinturée par une écharpe de brume virevoltante, la montagne n’en est que sublimée.
De retour à la tente, les conditions s’humidifient franchement : la brume envahit complètement la zone en même temps que le jour se meurt. Il est temps d’aller se glisser dans le duvet. Au cours des premières heures de la nuit, je scrute dehors : le brouillard est toujours là. Finalement, vers 2 heures, les étoiles brillent dans le ciel. Le timing est parfait, la Lune étant passée derrière l’horizon peu de temps auparavant. C’est l’occasion d’aller faire quelques poses nocturnes pour immortaliser le reflet de la voûte céleste sur le plan d’eau. L’ambiance est sereine, quoiqu’humide.
Peu après 6 heures, le réveil sonne une nouvelle fois. Difficile de s’extirper du confort pour s’exposer à la fraicheur matinale, mais l’effort a été récompensé par de beaux jeux de miroir sur le Lac Noir. La Rognasa d’Etache, du haut de ses 3373 mètres, a joué le rôle de flambeau aux premiers rayons de soleil, parcourue à sa base par une écharpe de nuages au Colle del Sommeiller. Une véritable image d’Epinal de la haute montagne, sereine et authentique.
Après une sieste méritée, pour ne pas dire un farniente, il est temps de redescendre, il est déjà 11h30 ! Le retour à la voiture est plutôt long, les genoux, les pieds et le dos commencent à se plaindre, mais le plaisir des paysages observés là-haut ont bien valu toute cette peine !