Randonnée au Lac Blanc en Vanoise avec nuitée au refuge de Péclet-Polset – Septembre 2024
Le choix de la destination
Septembre. Les montagnes savoyardes se sont vidées de leur horde de touristes, le moment idéal pour aller arpenter les sentiers habituellement surfréquentés. C’est donc tout naturellement que je m’oriente vers le massif de la Vanoise et l’intérieur du Parc National. Les refuges se sont également taris de leurs hôtes, on passe d’un service hôtelier à quelque chose de plus rustique et spartiate, davantage en accord avec ma conception de la montagne.
Cela reste néanmoins la seule solution pour passer la nuit dans le parc, puisque tout bivouac y est prohibé. Plusieurs secteurs m’attirent, mais c’est finalement du côté de Péclet-Polset que je jette mon dévolu. La dernière fois que j’y ai mis les pieds, c’était il y a 15 ans, en 2009, lors d’une douloureuse virée qui s’était terminée en tendinite, près de 10 km de marche éprouvante pour retourner au parking de l’Orgère, la patte boiteuse, après avoir tutoyé le glacier de Gébroulaz.
Cette fois, c’est du côté de Pralognan que l’ascension va s’effectuer. La voiture est stationnée au bout de la route autorisée, au parking du Pont de la Pêche (1750 m), il est midi moins quart. La météo annonce une petite dégradation dans l’après-midi, ce qui justifie ce départ plus précoce qu’à l’accoutumée.
La vallée de Chavière jusqu’au refuge de Péclet-Polset
C’est sous un ciel bleu azur, ponctué de cumulus débonnaires, que l’ascension débute. Celle-ci s’annonce plus longue que difficile. Il s’agit en effet de remonter une grande partie de la vallée du Doron de Chavière, sur le GR55 qui emprunte une piste carrossable à flanc de versant. Les marmottes, dodues, animent l’ensemble du parcours, par leur cri et leur démarche pataude. Le fond de l’air est frais mais le soleil s’avère piquant. Toutefois, celui-ci va peu à peu disparaitre derrière les imposants nuages qui se forment au-dessus des glaciers de la Vanoise. L’atmosphère se refroidit tandis que le dénivelé est avalé progressivement. A mi-chemin, les premières gouttes font leur apparition. D’abord insignifiantes, elles deviennent un peu plus ennuyeuses, d’autant qu’un vent froid rend la chose désagréable. Vers 15 heures, le refuge est atteint.
Crépuscule en Vanoise
Rapidement, le beau temps revient, l’occasion d’aller jeter un œil au lac Blanc à 10 minutes de marche. Son esthétisme est prometteur pour le lendemain matin. Le repérage se poursuit au niveau de la crête au nord du refuge. Elle surplombe l’ensemble du vallon, avec quelques sommets locaux, notamment le Grand Bec dominant Pralognan. Ici, le vent en provenance du Col de Chavière y est particulièrement virulent. Je reste longtemps à contempler le paysage, avec ces nuages qui défilent dans le ciel et dont les ombres projetées sur les versants donnent un caractère hypnotique à la scène. Le jour se meurt peu à peu, les lumières se parent de teintes chaudes, rendant incandescentes les cimes, avant que la nuit plonge les lieux dans une obscurité somme toute relative, pleine Lune oblige.
Dans la pénombre, je regagne le refuge. Le petit dortoir d’hiver est presque plein, une bonne dizaine de personnes est répartie dans les différents lits superposés. N’étant pas habitué à cette promiscuité, le sommeil est très superficiel et ponctué de nombreux réveils, entre la chaleur et les bruits, aussi bien permanents que ponctuels.
Lever du soleil au Lac Blanc
Le lendemain matin, à 6h30, je suis le premier à sortir de la bâtisse. Dehors, la nuit s’achève, les lueurs de l’aube naissent à l’horizon. Je me dirige aux abords du lac Blanc, dont le potentiel photogénique est maximal pour le lever du soleil, de par son exposition. Pourtant, les minutes défilent, mais les lumières sont absentes. Espérant un rougeoiement sur le Roc du Soufre, je déchante. Derrière moi, les imposantes montagnes du cœur de la Vanoise constituent un masque naturel pour les précieux premiers rayons.
C’est presque une demi-heure après avoir franchi l’horizon que l’étoile illumine enfin les cimes qui me font face. Malgré l’absence des couleurs orangées, le spectacle pour les yeux est total. Le vent ayant disparu, aucune ondulation ne vient perturber la surface du lac. Les eaux turquoise, subtilement laiteuses, reflètent alors parfaitement le paysage, qui se zèbre d’ombre et de lumière au gré des bancs nuageux défilant derrière moi. Le panorama digne d’une carte postale m’occupe un bon moment.
Je rejoins ensuite le refuge pour manger et plier les affaires. Vers 9h30, je suis le dernier à quitter les lieux. Il faudra bien 2h30 pour rebrousser chemin. Quelques marmottes peu farouches agrémentent l’itinéraire et viennent conclure ce beau périple en Vanoise.