
Cette article retrace mon road-trip au nord de la Norvège effectué la seconde quinzaine du mois de janvier 2025. De quoi vous donner quelques idées pour aller y faire un tour…
SOMMAIRE
- Jour 1 – Samedi 18 janvier 2025 : De Tromsø à Svolvær, au cœur des Lofoten
- Jour 2 – Dimanche 19 janvier 2025 : Exploration d’Austvågøy et Henningsvær
- Jour 3 – Lundi 20 janvier 2025 : Vestvågøy et premières aurores boréales
- Jour 4 – Mardi 21 janvier 2025 : Flakstadøy et chasse aux aurores
- Jour 5 – Mercredi 22 janvier 2025 : De Reine à Å, au bout des Lofoten
- Jour 6 – Jeudi 23 janvier 2025 : Derniers instants dans les Lofoten
- Jour 7 – Vendredi 24 janvier 2025 : En route vers Vaerøy, l’île au vent
- Jour 8 – Samedi 25 janvier 2025 : Ascension d’Håtua sous des vents violents
- Jour 9 – Dimanche 26 janvier 2025 : Bloqué sur Vaerøy par la tempête
- Jour 10 – Lundi 27 janvier 2025 : Retour sur le continent à Bodø
- Jour 11 – Mardi 28 janvier 2025 : Engeløya sous un ciel couvert
- Jour 12 – Mercredi 29 janvier 2025 : Lumière magique sur Engeløya
- Jour 13 – Jeudi 30 janvier 2025 : Retour vers Tromsø via Narvik
- Bonus : la galerie photo et la vidéo !
Sixième voyage en Norvège. Et pourtant, la magie opère toujours. Impossible de se lasser de ces paysages sculptés par le froid, ces montagnes qui plongent dans l’océan, ces lumières irréelles qui transforment chaque instant en tableau. Cette fois, l’itinéraire me mène une nouvelle fois aux Lofoten, avec une extension vers l’île isolée de Vaerøy et un retour par le continent. L’objectif reste le même : capter l’essence de l’hiver arctique à travers la photographie. Entre tempêtes, ciels limpides, nuits polaires et aurores boréales, ce voyage a été un condensé de contrastes et d’imprévus, où chaque jour a offert son lot de surprises.
Jour 1 – Samedi 18 janvier 2025 : De Tromsø à Svolvær, au cœur des Lofoten
- Logement : Marina Hotel Lofoten, 30 Repslagergata, 8300 Svolvær
- Déplacement : 425 km en voiture
Une arrivée sous la tempête
C’est sous d’hostiles conditions que débute le voyage. Tromsø, point de départ du périple, est plongée dans la tempête : une pluie, chassée par un vent soutenu, fouette le visage. Cette première journée en terres norvégiennes est une longue étape de transit, pour rejoindre Svolvær, véritable porte d’entrée des Lofoten. Environ sept heures de route sont nécessaires pour l’atteindre. Rapidement, la pluie est relayée par la neige, au gré des montées en altitude ou de la pénétration à l’intérieur des terres. Les routes, maculées de blanc, se confondent avec les accotements, les montagnes et même le ciel. La monochromie s’empare des paysages, les bourrasques de neige défilent, la luminosité peine à s’intensifier.
Une longue route vers Svolvær
Peu après Bardufoss, suite à une pause déjeuner bienvenue, la météo s’adoucit : la neige cesse, la brume se dissipe quelque peu et le ciel s’octroie même de fugaces trouées irisées en altitude. De quoi enfin observer les sommets et versants enneigés. Cette parenthèse est de courte durée, le jour entamant son déclin, tandis que l’horloge n’indique que 13h30. Les contrées du cercle arctique viennent de terminer la période de la nuit polaire, le soleil franchissant de nouveau la ligne d’horizon depuis les premiers jours de janvier. En ce dix-huitième jour de l’année, l’astre se lève vers 10h30, puis replonge sur les coups de 14 heures. Un interlude de quelques heures, avant que les lieux ne retournent dans l’obscurité.
Premiers pas dans les Lofoten
La traversée du pont de Raftsund marque l’entrée officielle dans l’archipel des Lofoten. Elles se composent de six groupes d’îles principales : Austvågøy, Vestvågøy, Flakstadøy, Moskenesøy, Vaerøy et Røst. Svolvaer, avec un peu moins de 5000 habitants, est la ville la plus peuplée des Lofoten. C’est aussi notre lieu de séjour pour deux nuits, que nous atteignons à 17h30. Le centre-ville est étonnamment calme pour un samedi soir, certains restaurants ferment à 19 heures, comme le Balloon Burger, où nous mangeons de 18 à 19 heures, attenant à une galerie commerciale déjà portes closes.
Le ciel étant couvert, aucune sortie n’est programmée en soirée.
Jour 2 – Dimanche 19 janvier 2025 : Exploration d’Austvågøy et Henningsvær
- Logement : Marina Hotel Lofoten, 30 Repslagergata, 8300 Svolvær
- Déplacement : 146 km en voiture

Premières découvertes de l’île d’Austvågøy
Cette seconde journée dans les Lofoten est consacrée à la découverte de l’île d’Austvågøy, la plus au nord-est et la plus grande de l’archipel. Au départ de Svolvær, la météo semble plus clémente que la veille : un ciel nuageux, ponctué d’éclaircies. L’objectif est d’explorer la partie septentrionale, puis espérer un coucher de soleil à l’extrémité méridionale.
La virée du jour amène sur plusieurs points de vue au gré des routes E10 et 7638 : la chapelle de Sildpollnes, quelques plages, des fjords (Morfjorden, Grunnførfjorden). Les conditions restent instables : des éclaircies furtives cèdent la place à des averses de neige, portées par une brise vivifiante.
Jeux de lumière sur les fjords
Peu après 13 heures, une fois le tour du nord de l’île effectué, l’horizon sud est baigné d’une intense lumière. Le soleil perce enfin, légèrement voilé en altitude. Le trajet le long de la côte est agrémenté de cette luminosité, certains rayons magnifient les montagnes surplombant Svolvær, de façon éphémère.
Henningsvær, un village balayé par le vent
La dernière étape conduit tout au sud, à Henningsvaer, village bâti sur un chapelet d’îles, aujourd’hui balayées par le vent. Derrière, la tempête refait surface et voile le coucher de soleil, l’horizon étant déjà obstrué. La petite cité côtière est aussi célèbre pour son stade improbablement niché sur l’île d’Hellandsøy, l’un des plus septentrionaux du monde. Les rafales sont de plus en plus soutenues, engourdissant les doigts. La visite s’achève sous une ultime averse de neige, tandis que le jour décline et que la nuit s’installe. A 15h30, retour à l’hôtel.

Jour 3 – Lundi 20 janvier 2025 : Vestvågøy et premières aurores boréales
- Logement : Idyllisk feriehus i Lofoten, Flakstadveien 620, 8380 Ramberg
- Déplacement : 200 km en voiture

Une matinée glaciale et lumineuse
C’est sous un ciel parfaitement dégagé que démarre ce lundi. La nuit, une fine pellicule de neige s’est déposée, tapissant de blanc tous les reliefs environnants. En contrepartie, le vent s’est tût, le froid plante ses crocs dans la chair. Le thermomètre affiche -4°C. Les premières lueurs du jour révèlent les montagnes, leur blanc texturé se détachant du bleu nocturne. Au sud, des teintes d’un jaune blafard se déploient au-delà du Vestfjorden. Un fin voile dilue la luminosité, passant des tons chauds à froids, observés depuis une jetée à Kabelvåg.
À la découverte de Gimsøya et ses paysages isolés
La journée est dédiée à la visite de l’île de Vestvågøy, dont la ville principale est Leknes. Ce sont surtout les côtes septentrionales qui vont être parcourues. La première d’entre elles est Gimsøya, au nord-ouest, avec deux arrêts : Gimsøy kirke, une église traditionnelle à quelques pas du rivage, bordée d’un cimetière aux pierres tombales antédiluviennes ; Ensuite, nous poursuivons jusqu’au nord de l’île, où un phare près du hameau d’Hovsund se dresse, au bout d’une jetée usée par le temps, rendant la progression sur le chemin difficile. Malgré les -7°C, la sortie reste agréable grâce à l’absence de vent. La zone bénéficie d’une large bande de ciel clair, entre deux épaisses lignes de nuages au nord, d’un bleu sombre et, au sud, à la lueur tamisée. Du phare, se détachent au loin les montagnes des Vesteralen, distantes d’une trentaine de kilomètres.
Eggum et Unstad, entre mer et montagnes
Il est midi passé, le soleil commence à décliner, l’atmosphère se fait plus dense, accentuant la sensation de froid, d’autant plus que les derniers arrêts de la journée, face à la mer, apportent le retour d’une brise. Bien que légère, elle engourdit les doigts. Eggum et Unstad, à l’extrémité nord-ouest de l’île, constituent les ultimes visites du jour. Ces petits hameaux se blottissent au pied d’imposantes murailles granitiques, à la base desquelles battent les flots. Le sud étant resté noyé dans la nébulosité, aucun rayon de soleil ne parvient à percer. La lueur s’estompe lentement, sans distiller les traditionnelles teintes dorées. Dans une certaine indifférence, le jour s’éteint, mourant à petit feu, la nuit s’installant définitivement vers 16h30. Les montagnes des Lofoten ne sont plus que des grosses masses sombres, fantomatiques, tutoyant le céleste.
Des aurores boréales timides
En soirée, la météo prévoit des éclaircies. Direction Flakstad, près de l’océan, pour un point de vue dégagé. Le vent souffle fort, à en décorner les bœufs. Côté ciel, c’est mitigé : quelques trouées apparaissent au sud, au-dessus des montagnes, où de timides aurores se dessinent. Pas de quoi fouetter un chat, nous rentrons. En garant la voiture devant le logement, une draperie se déploie au-dessus de nos têtes. Ironie du sort, la plus belle photo d’aurore boréale a été réalisée sur le palier de la porte…!

Jour 4 – Mardi 21 janvier 2025 : Flakstadøy et chasse aux aurores
- Logement : Idyllisk feriehus i Lofoten, Flakstadveien 620, 8380 Ramberg
- Déplacement : 146 km en voiture

Vestvågøy, dernière exploration
Aujourd’hui, la météo annonce un ciel uniformément couvert toute la journée. Aux premières lueurs de l’aube, le plafond est toutefois suffisamment haut pour dévoiler toutes les cimes des Lofoten. Le début de la matinée est consacrée à la visite des derniers points de l’île de Vestvågøy, dans sa partie occidentale : tout d’abord la plage de Vikbukta, ceinturée de reliefs dépassant les 300 mètres puis, au bout de la route, le site d’Uttakleiv. A en juger par le nombre de parkings, des péages et autres interdictions de stationnement, cet endroit doit être très fréquenté en été. En cette mi-janvier, le froid mordant et le vent qui glace les doigts nous laissent totalement seuls.
Nusfjord, un village trop touristique
La suite consiste à découvrir l’île de Flakstadøy, tout d’abord l’extrême nord (Myrland, Nordgarden), puis le sud. Le désappointement est total en arrivant à Nusfjord, qui se révèle être un piège à touristes : l’accès pédestre au village exige de s’acquitter de la modique somme de 100 NOK/personne (8,50 €). Nous déclinons l’offre et rebroussons chemin immédiatement, en direction du trajet du retour.
Entre lacs gelés et montagnes enneigées
Quelques arrêts jalonnent l’itinéraire, d’abord près du Storvatnet. Ce lac est blotti au pied du Stjerntinden, muraille granitique de 938 mètres d’altitude, dont la face nord est plâtrée de neige et de cascades de glace, une véritable image de la désolation. Plus loin, la journée s’achève près de l’église de Flakstad, dont l’architecture se distingue des grandes montagnes blanches en arrière-plan. Vers 14h30, le logement est retrouvé, épilogue d’une journée froide, aux teintes blêmes.
Une soirée d’observation des aurores à Flakstad
En soirée, le ciel dégagé nous incite à retenter notre chance du côté de Flakstad, pour chasser les aurores près d’une large plage, face au Hustinden, au-delà le Vareidsundet. Cette fois, les conditions sont bien meilleures : le vent a faibli et les draperies célestes sont plus actives. L’observation s’achève à minuit trente.

Jour 5 – Mercredi 22 janvier 2025 : De Reine à Å, au bout des Lofoten
- Logement : Idyllisk feriehus i Lofoten, Flakstadveien 620, 8380 Ramberg
- Déplacement : 81 km en voiture

Un lever de soleil à Sund
Après la longue soirée aurorale de la veille, le réveil sonne à 8 heures. Pour ce mercredi, la météo prévoit le plus beau temps depuis le début du voyage : un ciel partagé entre nuages épars et éclaircies au-dessus des Lofoten, tandis qu’au sud, une large trouée dégagée domine le secteur de Bodø. Des conditions idéales pour capturer les paysages.
Le programme est adapté en conséquence : cap au sud-ouest, jusqu’à l’extrémité de la route. La première étape nous mène à Sund, un paisible village de pêcheurs. Un sentier étroit conduit à un promontoire rocheux, dominant l’océan. Peu après 10 heures, le soleil surgit à l’horizon. Une lumière limpide se dépose sur les versants enneigés, dans une ambiance sereine, où l’absence de vent est appréciable.
Reine, l’icône des Lofoten sous une lumière parfaite
Pour profiter pleinement de ces éléments, direction ensuite le coin le plus célèbre de Lofoten : Reine. De nombreux photographes ont déjà investi les spots incontournables, et pour cause : les hameaux et les reliefs en arrière-plan baignent dans une lumière orangée du plus bel effet. L’absence de brise permet des reflets quasi-parfaits dans les baies bordant les hameaux, évoquant des peintures. Le drone est lancé à 400 mètres d’altitude, survolant les abords du Reinebringen, rendu impraticable par la neige et la glace. D’ici, le panorama est à couper le souffle.
Å, la fin de la route
Pour clore cette virée du mercredi, le bout de la route est atteint vers midi, à Å. Au sud-ouest, les ultimes massifs granitiques plongent dans l’océan. Le regard s’étend jusqu’à l’île de Vaerøy, prochaine étape du périple. À l’horizon, le soleil disparaît progressivement derrière les nuages qui ont avancé entre-temps. Le coucher de soleil reste finalement caché, mais peu importe : cette journée aura offert des conditions exceptionnelles !

Jour 6 – Jeudi 23 janvier 2025 : Derniers instants dans les Lofoten
- Logement : Idyllisk feriehus i Lofoten, Flakstadveien 620, 8380 Ramberg
- Déplacement : 119 km en voiture

Retour sur les plages et fjords du nord
Ce jeudi, les Lofoten offrent un tout autre visage : un plafond relativement bas s’est installé sur le secteur, enveloppant les plus hauts sommets. La brume qui les drape leur confère une aura énigmatique et mystérieuse, teintée de nuances gris-bleu. C’est la quatrième et dernière nuit à Ramberg. L’objectif est de finir de visiter l’île de Flakstadøy.
Le premier arrêt conduit vers le long du Skelfjorden. Il s’agit d’un ancien village de pêcheurs qui a connu son heure de gloire entre les milieux du 19ème et 20ème siècle. Mais l’absence de port adapté aux bateaux à moteur lui a été fatale. Aujourd’hui, seules quelques maisons subsistent, rarement habitées en hiver. Nous sommes seuls. Cap au nord-ouest, vers Fredvang et sa plage d’Yttersand, aux allures caribéennes, soulignée par les imposantes montagnes blanches qui se découpent au loin. A l’horizon, un lourd plafond nuageux, sombre, semble écraser l’océan. La menace météorologique est rapidement mise à exécution : une averse mêlant grésil, neige et pluie s’abat sur la zone. La pause déjeuner optimise cet instant d’intempérie. Nous explorons encore un peu le secteur, aux hameaux de Korshavn et près du pont de Kubbholmen, où les prises de vue en drone révèlent toute la splendeur du paysage.
Une après-midi après la neige
Le début d’après-midi semble bien meilleur côté météo : une large trouée se déploie sur les Lofoten. Nous retournons vers Reine, à Hamnøya, pour profiter de cette éclaircie inespérée. Il a neigé le matin dans ce coin, drapant reliefs et bâtiments d’une fine pellicule blanche, donnant un nouvel aspect au lieu visité la veille. Au sud, le ciel s’embrase, mais l’épaisse masse au-dessus du continent anéantit tout espoir de coucher de soleil. Nous restons ici jusqu’au crépuscule, le temps de capter quelques beaux instants. Au final, la journée a été bien remplie, en ayant su tirer parti des éclaircies qui se sont présentées.
Dernière chasse aux aurores
En soirée, le ciel dégagé et les quelques lueurs prometteuses nous incitent à partir chasser les aurores. Direction la plage d’Yttersand, disposant d’une bonne exposition. Les dentelles verdâtres se succèdent, sans toutefois être intenses, hormis quelques pics dûment immortalisés, les pieds dans le sable humide, marée descendante oblige. Une soirée agréable malgré tout.

Jour 7 – Vendredi 24 janvier 2025 : En route vers Vaerøy, l’île au vent
- Logement : Værøy i Lofoten, Oldemorhuset, Skippergata 2, 8063 Værøy
- Déplacement : 77 km en voiture, Ferry Moskenes > Vaerøy

Matinée lumineuse à Reine
Voilà quelques jours que la météo annonce un vendredi radieux. Les prévisions se sont avérées exactes, les premières lueurs de l’aube révèlent un ciel parfaitement clair sur les Lofoten, mettant en valeur les reliefs à la parure albâtre. L’objectif de cette journée est de capter les belles lumières promises, au bout de l’archipel. Toutefois, à l’horizon, côté Bodø, une bande de nébulosité chapeaute les montagnes, compromettant la quête.
Après quelques tergiversations et tentatives avortées, l’emplacement idéal est choisi, au niveau de la Gravdalsbukta, bordant l’ouest de Reine. Dans ce secteur aux eaux calmes, la glace s’est développée à la surface. Il faut se rendre au bord, au pied de l’abrupte pente d’une dizaine de mètres, afin d’aller chercher un reflet très localisé. Vers 10h30, les cimes se transforment en étincelles : le soleil fait son apparition. Les imposants sommets, Olstinden, Lilandstinden et Festhaeltinden, deviennent incandescents, dans une sérénité parfaite, en dépit des va-et-vient des touristes. Peu à peu, les lieux s’éveillent.
Disposant d’un programme allégé, nous profitons du temps pour parcourir les ruelles enneigées de Reine. Village phare des Lofoten, l’un des plus beaux villages de Norvège mérite sa réputation, avec son cadre de rêve. Où que se porte le regard, la splendeur est au rendez-vous, surtout avec la limpidité de l’atmosphère aujourd’hui. Malgré sa rusticité, il est impossible d’oublier le caractère touristique du lieu : parkings payants omniprésents et toilettes accessibles uniquement après avoir présenté sa carte bancaire.
Traversée vers Vaerøy
En début d’après-midi, direction le bout de la route à Å pour observer le lent déclin du soleil. Peu après 14h30, l’étoile disparaît derrière Vaerøya, la destination du soir. Le promontoire rocheux, entièrement verglacé, rend chaque pas périlleux, le risque de chute est permanent. La bande de nuages à l’horizon, toujours présente, devient de plus en plus flamboyante, puis s’estompe très progressivement, la nuit arrivant.
En soirée, cap à Moskenes afin de prendre le ferry pour Vaerøy. La traversée dure 1h30, l’île est atteinte à 21h30.

Jour 8 – Samedi 25 janvier 2025 : Ascension d’Håtua sous des vents violents
- Logement : Værøy i Lofoten, Oldemorhuset, Skippergata 2, 8063 Værøy
- Déplacement : 9 km en voiture

Une randonnée face aux rafales
Vaerøy est une petite île d’un peu plus de 17 km² perdue au bout des Lofoten, qui compte environ 700 habitants à l’année. Le week-end est consacré à la découverte de ce lieu insolite, aux confins des Lofoten. Son nom se traduit littéralement par “l’île au vent”. Le terme n’est pas usurpé, d’autant plus que la zone subit un effet de bord de la tempête Eowyn, sévissant en Irlande et en Ecosse. En conséquence, ce rocher en pleine mer est balayé par des vents violents : jusqu’à 14 m/s avec des rafales atteignant 28 m/s, soit près de 100 km/h. Des éclaircies sont néanmoins prévues.
Malgré des conditions peu engageantes, direction l’ouest de l’île, pour l’ascension d’Håen, culminant à 438 mètres. Des équipements militaires coiffent le sommet, au bout d’une piste carrossable, interdite à la circulation et serpentant à flanc de versant. En raison de la neige, cet itinéraire est préféré au sentier, moins pentu et plus sécuritaire. Peu après le tunnel, le soleil fait une improbable apparition à travers les nuages, les rayons se diffusent dans l’atmosphère. Le dénivelé est avalé à bon rythme, vers 11 heures, le sommet est atteint. Les bâtiments et antennes de l’armée sont solidement ancrés sur le granite, dominant les lieux. D’ici, le panorama est d’une beauté saisissante, avec une vue imprenable sur cette esthétique enfilade de falaises délimitées par le Breidfjellet (397 m) et le Måhornet (439 m).
Un panorama à couper le souffle
La chance est au rendez-vous, puisque le soleil brille toujours autant, mettant en valeur les paysages. Cependant, les assauts du vent ne faiblissent pas. Chaque parcelle de peau exposée, notamment les mains et le visage, subit un véritable supplice. Pour proposer une variante du retour, la crête sommitale est empruntée. Les bourrasques redoublent d’intensité, causant déséquilibre et lutte constante pour avancer. La route est finalement retrouvée, pour terminer la balade. Peu après 13 heures, la boucle est bouclée, épilogue d’une randonnée éprouvante, essentiellement à cause des conditions tempétueuses, mais avec des souvenirs mémorables de l’île de Vaerøy.
Tardivement en soirée, une notification nous interpelle : le ferry devant nous ramener le lendemain dans les Lofoten est annulé en raison des événements climatiques…

Jour 9 – Dimanche 26 janvier 2025 : Bloqué sur Vaerøy par la tempête
- Logement : Værøy i Lofoten, Oldemorhuset, Skippergata 2, 8063 Værøy
- Déplacement : 20 km en voiture
Révision du programme
Finalement, la tempête Eowyn a poursuivi son chemin dévastateur jusqu’au nord des côtes norvégiennes. Tous les ferries de la région, opérés par la compagnie Torghatten, ont été annulés ce dimanche en raison des vents violents qui agitent la mer. Une décision qui remet en cause toute la seconde partie du voyage : il était prévu de retourner dans les Lofoten à la mi-journée afin de rester quelques jours supplémentaires là-bas. Le prochain départ est prévu pour le lendemain, avec un itinéraire Vaerøy > Bodø > Moskenes, soit environ huit heures de ferry, à condition que la tempête se calme. La perspective est peu enviable.
Au-delà de la nuitée et de la journée perdues à subir roulis et tangage, le bout des Lofoten a déjà été largement exploré les jours précédents. Ce chamboulement de programme est sans doute l’occasion d’adapter le voyage pour découvrir une autre partie de la Norvège. Un nouveau plan est établi : traverser le Vestfjorden pour accoster à Bodø, puis remonter côté continent par étapes jusqu’à Tromsø, avec éventuellement un crochet par Senja. Programme au demeurant hypothétique, dépendant intégralement de l’évolution de la tempête et du maintien de la liaison du lendemain.
Fenêtre météo optimisée
En tout état de cause, nous voilà bel et bien bloqués sur Vaerøy. Contact pris auprès de la propriétaire du logement, le séjour est prolongé pour une nuit supplémentaire. Cet aspect logistique étant sécurisé, il est alors possible de profiter de cette journée dominicale. Le vent fait siffler la toiture de la maison, mais une éclaircie somme toute relative s’empare des lieux en fin de matinée. C’est l’occasion ou jamais d’aller explorer le nord de l’île, derrière les cimes de Gjerdheia (379 m) et Nordlandsnupen (450 m), près du village de Nordland. La route s’achève peu après un improbable aérodrome désaffecté, reconverti en zone de camping estival. Malgré les nuages et quelques averses, le ciel laisse entrevoir l’extrémité des Lofoten, dont les sommets noyés dans la brume leur confèrent un aspect énigmatique.
Le vent étant de secteur sud-ouest, la forteresse granitique surplombant les lieux offre une relative protection, bien que quelques rafales assassines arrivent à percer. Un sentier côtier longe la montagne et s’engage loin au sud-ouest de l’île. Celui-ci est parcouru sur seulement quelques centaines de mètres. En contrebas, des têtes émergent de l’eau : des phoques ! Peu après 13 heures, le ciel se bouche définitivement et déverse ses seaux d’eau. Le logement est regagné pour une après-midi de détente, faute de mieux.

Jour 10 – Lundi 27 janvier 2025 : Retour sur le continent à Bodø
- Logement : Gammelstua på Storsæter Gård, Storsæter 12, 8289 Engeløya
- Déplacement : 254 km en voiture, Ferry Vaerøy > Bodø

Traversée tranquille vers Bodø
Le vent, bien qu’encore vigoureux, a perdu de sa puissance. Au-dessus de Vaerøy, un ciel clair s’est déployé. Le ferry prévu en milieu de matinée est maintenu. Le court blocage sur cette île touche à sa fin. Peu après 10 heures, le bateau ouvre sa grande mâchoire de fer et engloutit les quelques véhicules présents sur le quai. Une demi-heure plus tard, le navire quitte le port, tandis que le soleil perce les nuages et illumine le bout de terre émergeant des flots. Peu à peu, celui-ci s’éloigne. La mer est de moins en moins agitée durant les 3 heures de traversée, alors que le ciel se couvre progressivement.
Parenthèse citadine
En début d’après-midi, le continent est atteint. Avec ses 42 000 habitants, Bodø, centre administratif du comté de Nordland, offre une brève parenthèse citadine. Après un déjeuner dans un restaurant qui n’a de français que le nom, il est temps de reprendre la route, d’abord la n°80 le long du Skjerstadfjorden puis, à partir de Fauske, la n°E6, vers le nord. Il s’agit du seul axe compris entre la mer et la frontière suédoise, dans cette zone où la Norvège ne présente qu’une fine bande étroite, d’une cinquantaine de kilomètres de largeur.
Premiers pas sur Engeløya et timides aurores
Peu après 18 heures, le logement est trouvé : une vieille maison attenante à un corps de ferme en activité, isolée au cœur de l’île d’Engeløya, face aux Lofoten.
En soirée, le ciel dégagé permet d’aller chasser les aurores sur la plage de Bøvika. Toutefois, l’activité reste faible, seuls les capteurs numériques révèlent les draperies vertes…

Jour 11 – Mardi 28 janvier 2025 : Engeløya sous un ciel couvert
- Logement : Gammelstua på Storsæter Gård, Storsæter 12, 8289 Engeløya
- Déplacement : 91 km en voiture
Exploration côtière et vestiges de la Seconde Guerre mondiale
Les prévisions météo du jour sont peu engageantes : il est annoncé un ciel couvert, suivi d’un épisode neigeux. Effectivement, à l’aube, les premières lueurs révèlent une atmosphère chargée de nébulosité. Une fenêtre de quelques heures est exploitable, consacrée au tour d’Engeløya.
Dans la partie septentrionale de l’île, des points de vue côtiers permettent d’observer les Lofoten, distantes d’une quarantaine de kilomètres. Les montagnes aux reflets albâtre resplendissent sous un plafond nuageux sombre, annonciateur de la petite perturbation à venir.
La Batterie Dietl et l’église de Steigen
Quelques plages et criques sont explorées, ainsi que la curiosité locale : la Batterie Dietl. Au septentrion de l’île, il s’agit d’un vestige de la seconde guerre mondiale, composé de plusieurs fortifications et bunkers allemands. Le lieu dispose d’une position stratégique dans le Vestfjorden, près du port de Narvik, où se déroula la célèbre bataille en 1940. Plus loin, l’église de Steigen se dévoile dans le village. Toute de pierres formées, son architecture tranche avec celles vues jusqu’à présent, et pour cause : c’est l’une des rares églises romanes du comté.
Après-midi enneigée et détente
Progressivement, les cimes s’embrument, les Lofoten disparaissent, c’est l’arrivée du mauvais temps.
Les activités extérieures étant compromises, cap sur le seul restaurant ouvert du secteur, à une demi-heure de route au sud, à Myklebostad. Une nouvelle après-midi détente se profile.

Jour 12 – Mercredi 29 janvier 2025 : Lumière magique sur Engeløya
- Logement : Gammelstua på Storsæter Gård, Storsæter 12, 8289 Engeløya
- Déplacement : 163 km en voiture

Deux possibilités se présentent pour ce mercredi : reprendre la route vers Senja pour passer une journée et une nuit là-bas, ou rester dans le même secteur. La première solution implique un transit d’environ 7 heures de route. Or, la météo s’annonce radieuse, avant un jeudi couvert et neigeux. Stratégiquement, il n’y a pas d’intérêt à gâcher la dernière journée de beau temps en voiture. Une nuit supplémentaire est donc prise à Steigen.
Un panorama aérien exceptionnel
Au réveil, les prévisions ne s’étaient pas trompées : une grande clarté illumine les cieux. L’objectif est de refaire les quelques spots vus la veille, puis se rendre aux endroits conseillés par l’hôte. Dans une ambiance bien différente de celle de la veille, le nord de l’île d’Engeløya est explorée, en direction de Brunnes, puis la plage de Bøvika. Au loin, les Lofoten baignent dans la lumière. Ici, le soleil joue à cache-cache avec les montagnes, au gré des ouvertures dans les reliefs. En cette fin janvier, l’astre est encore bas sur l’horizon, même dans sa position zénithale.
La seconde partie de la visite conduit au nord du Leinesfjorden, près de Nordskot. La côte occidentale est constellée d’une myriade d’îles émergeant des flots. Le lieu dévoile toute sa splendeur depuis les airs, grâce au drone. La lumière rasante d’hiver magnifie le panorama.
Brennvika, la plage sauvage
La dernière étape amène de l’autre côté du fjord, qu’il faut toutefois entièrement contourner, jusqu’à rejoindre Brennvika. Blottie au pied d’imposantes montagnes de plus de 700 mètres, la grande baie s’ouvre sur une immense plage battue par le vent.
Dernier coucher de soleil dans le Nord
Le soleil poursuit son déclin. Aux sommets incandescents succède un ciel teinté de rose par le crépuscule. Les dernières ombres sont chassées par la nuit, il est 15h30, la maison est regagnée, au terme d’une agréable journée.

Jour 13 – Jeudi 30 janvier 2025 : Retour vers Tromsø via Narvik
- Logement : Finnvikhaugen Rooms, Aursfjordveien 1348, 9055 Meistervik
- Déplacement : 326 km en voiture, Ferry Bognes > Skarberget
Traversée du Tysfjorden
Ce jeudi sonne la dernière journée complète en Norvège, consistant à remonter au nord en direction du logement à proximité de Tromsø. Un long trajet de 5h30 s’impose. Au passage, un ferry entre Bognes et Skarberget est pris, liaison indispensable en l’absence de route continentale. La traversée du Tysfjorden, d’une trentaine de minutes, s’effectue dans un calme absolu, aussi bien sur les flots que sur le pont, le navire fonctionnant au gaz naturel. Le ciel est encombré de nuages d’un gris pâle uniforme, monotone. Il permet néanmoins de mettre en valeur quelques montagnes aux lignes abruptes, plâtrées de neige et de glace.
Histoire de Narvik et vestiges de guerre
En tout début d’après-midi, Narvik est atteinte, offrant une pause bienvenue. Troisième plus grande ville de Norvège au-dessus du cercle arctique, après Tromsø et Bodø, avec ses 18500 habitants, elle est chargée d’histoire. Fondée à la fin du XIXᵉ siècle, elle servait à exporter le minerai de fer des mines de Kiruna, en Suède. Elle portait alors le nom de Victoriahavn, hommage des investisseurs britanniques à la reine anglaise de l’époque, qui ont contribué au développement du port. Devenue un point stratégique pour l’exportation des matières premières, la cité industrielle a attiré l’attention du IIIᵉ Reich, désireux de contrôler ces ressources essentielles à l’armement. Ainsi se déroula la bataille de Narvik au printemps 1940. Depuis, la localité a conservé ses activités, comme en témoignent les vastes installations portuaires, et les nombreux wagons chargés de matériaux traversant le centre urbain.
Fin du voyage sous un ciel gris
Peu après 18 heures, le logement est atteint, sous un ciel désespérément gris et bas. Localisé à 1h30 de Tromsø, il offre un accès rapide à l’aéroport, où s’achèvera le voyage le lendemain midi.

– Fin –
La galerie complète de ce road-trip au nord de la Norvège est à découvrir ci-dessous (cliquez pour voir les images en plein format).
La vidéo de ce road-trip au nord de la Norvège :