19-20 mai 2020
Quelques jours seulement après mon éprouvante première sortie au Dôme de Bellefont, une nouvelle rando se profile pour ce milieu de semaine. Aux contraintes réglementaires de département et de distance au domicile, s’ajoute un besoin de ménager ma monture, en préférant un petit dénivelé, sans neige et si possible avec un plan d’eau. Le Lac Fourchu s’est donc imposé comme une évidence, d’autant plus que la route menant au départ, au Lac de Poursollet, a été rouverte à la circulation le 11 mai.
Vers 16 heures, m’y voici. La température dans la vallée a bien grimpé en 24h, mais ici il fait plutôt frisquet en comparaison, à peine 15°C. Il faut dire que le massif du Taillefer s’est paré d’épais nuages, l’ascension va donc d’effectuer à l’ombre. Sans grande difficulté, les 400 m de dénivelé pour atteindre le plateau sont avalés en une heure.
Je n’étais pas venu ici depuis 2012, c’était début juin et le lac avait encore de nombreuses zones de glace. En cette mi-mai, tout a fondu, il ne subsiste que quelques névés sur certaines pentes moins exposées. En revanche, l’accès au Taillefer est plus compliqué, d’en bas le manteau blanc qui le recouvre semble encore bien épais.
Je longe le lac par le sud dans le but d’atteindre son extrémité ouest, qui sera mon pied à terre pour cette nuit. A un moment, le sentier est englouti par le haut niveau des eaux, m’obligeant à rebrousser chemin pour le contourner plus au sud.
Il est 17h30, j’ai choisi mon emplacement : un large replat herbeux, à une dizaine de mètres du plan d’eau. J’ai rarement eu un tel niveau de confort pour un bivouac, je vais pouvoir savourer, sans me soucier du vide trop proche ou de cailloux dans les reins.
Le ciel est assez chargé en cette fin d’après-midi, sans parler du vent plutôt soutenu.
Je patiente jusque vers 20 heures et vais me positionner au bout du lac pour les traditionnelles photos du crépuscule, avec les couleurs qui deviennent de plus en plus chaudes. La nébulosité s’est estompée, le vent aussi, c’est parfait. D’en bas, le Lac Fourchu est assez difficile à immortaliser, chose que j’avais déjà constaté la dernière fois. C’est alors que le drone prend le relais, de là-haut, les possibilités se multiplient, je prends plaisir à capter ces instants sous des angles inédits, notamment le coucher de soleil rouge vif à l’horizon. Magnifique.
Je regagne ensuite ma tente pour aller dormir. Je fais une croix sur les photos nocturnes, le secteur ne m’inspire pas : relief trop fermé côté sud, et partout autour de la pollution lumineuse.
Le réveil sonne vers 5h30. L’humidité du lac a détrempé la tente, mais celle-ci séchera vite dès que le soleil fera son apparition. Je passe la tête dehors : tempête de ciel bleu, pas un brin de nuage à l’horizon. C’est donc sans grande conviction que je retourne au spot de la veille, pour aller immortaliser les premiers rayons sur le Taillefer qui se reflètent dans le lac. Mais le constat est le même : des clichés trop convenus et manquant d’originalité. C’est une nouvelle fois le drone qui vient à la rescousse pour magnifier les paysages avec un peu plus de hauteur.
Ces instants passés, je retourne dans mon abri éphémère pour y finir ma nuit, le soleil réchauffe l’intérieur tandis que des courants d’air frais vont et viennent, et les oiseaux dans les buissons chantent. Le bonheur ultime.
A 11 heures, retour à la voiture, épilogue d’une sortie agréable.