Bivouac au lieudit de la Frête (1636 m) dans les Aravis, mai 2024.
Le lendemain des aurores
Dans la nuit du 10 au 11 mai, une intense éruption solaire a illuminé le ciel de l’Hexagone, inondant le céleste de draperies rosâtres. J’ai honteusement raté ce phénomène exceptionnel sous nos latitudes, alors que la nuit précédente, j’errais sur la crête de la Montagne de Sulens. Rageant.
Une séance de rattrapage est peut-être possible ce samedi, bien que la probabilité soit faible. Il était de toute façon prévu de retourner en altitude avant le nouvel épisode de pluie annoncé ces prochains jours. La neige empêchant toujours d’aller au-delà de 2000 mètres, c’est du côté du Col des Aravis que le choix se porte, une virée tranquille sur le flanc oriental du massif éponyme. L’idée est de s’éloigner des imposantes murailles rocheuses afin d’avoir le nord suffisamment dégagé.
Direction la Frête
Le beau temps printanier a attiré nombre de visiteurs au Col des Aravis, les parkings sont combles. L’endroit est toujours aussi impressionnant, les verdoyants alpages sur les cônes de déjection sont bordés d’immenses parois surplombant la route d’environ 1000 mètres. Des névés noircis par l’érosion tapissent le haut des versants. Le plan initial de parcourir les Aravis sur le sentier en balcon est modifié, au profit de la piste carrossable, aisément praticable. Celle-ci se dirige côté sud, il s’agit d’une dénommée « Route de la Soif ». Elle va jusqu’au Col de l’Arpettaz, au pied du Mont Charvin.
L’objectif du jour demeure modeste : se positionner sur l’alpage près du chalet de la Frête, à 1636 mètres. En à peine 1h30, l’endroit est atteint. La sensation de beau temps est trahie par de nombreux cumulus qui obscurcissent le ciel, au-dessus des montagnes environnantes, y compris le Mont Blanc si proche, coiffé de brumes tenaces. L’abri de fortune est, une fois n’est pas coutume, positionné dans le plus grand des conforts : terrain plat, spacieux, herbeux et sans vide à côté. Le luxe.
Pas d’activité nocturne
Le jour décline peu à peu. Pour profiter d’un meilleur panorama et des teintes crépusculaires, je grimpe à la Croix des Frêtes, à l’ouest, dominant le site d’une centaine de mètres. Tout le massif du Mont Blanc se dévoile, ainsi que le village de la Giettaz en contrebas et l’envers du domaine de Megève. La fin de journée approche. Les couleurs deviennent peu à peu orangées, les rayons se diffusent à travers le col pour se déverser en face. Les rougeurs se tarissent, la luminosité diminue, il est temps de retourner dans la tente.
Les prévisions aurorales sont peu optimistes pour cette nuit. L’indice Kp est élevé, mais pas suffisant pour que le spectacle recommence. Qu’importe, je scrute le ciel une bonne partie de la nuit, effectue quelques poses courtes et longues sur les étoiles, un timelapse. Mais, faute d’activité, je me résous à me laisser emporter par le sommeil. Quelques heures plus tard, le jour a chassé la nuit. Le ciel s’est de nouveau chargé, laissant filtrer quelques rayons çà et là, avant d’éclairer l’entièreté des lieux. A 10h30, la voiture est retrouvée, épilogue d’une sortie qui n’a pas tenu toutes ses promesses.