De retour au parking du refuge du Petit Mont Cenis, je poursuis mon petit séjour dans le secteur et reprends la voiture pour basculer du côté italien. Mon programme du jour est placé sous le signe du repos, bien que paradoxalement cela va m’amener à 3000 mètres d’altitude ! Mon objectif n’est autre que le Colle del Sommeiller, accessible via une piste. A Bardonecchia, je prends la direction de Rochemolles. Déjà, la route est quelque peu étroite, puis se transforme en piste. Week-end du 15 août oblige, sous un soleil de plomb qui plus est, nombreux sont ceux qui ont eu la même idée de se réfugier en altitude. Une première partie du flot s’arrête au niveau du barrage, vers 2000 m, notamment ceux avec une voiture citadine. La piste poursuit en attaquant le versant jusqu’à un autre point de chute pour les visiteurs, à l’Alpeggio Chatalan (2200 m).
A partir de là, la qualité du revêtement impose l’utilisation d’un 4×4. Un péage est présent à cet endroit, je m’acquitte des 5 euros et continue l’itinéraire, c’est presque 1000 mètres de dénivelé routier qui m’attendent ! Une telle infrastructure n’est pas courante, on la doit non pas aux activités militaires, mais à un projet de ski d’été sur le glacier du Sommeiller dans les années 60, qui a peu duré. La route en est donc le vestige que les locaux maintiennent, faisant le bonheur des VTTistes, motards et autres férus de 4×4. Passé les alpages, c’est dans l’univers minéral de la haute montagne que la piste sillonne. La chaussée est assez torturée, me rappelant l’épopée islandaise. C’est en tout cas totalement dépaysant et original. Vers 16 heures, me voici au parking sommital, à 2991 m. Le vent balaie le sable au gré des bourrasques. Je sors prospecter le coin et repère au fond un promontoire rocheux : c’est là que je dormirai. Je prépare mon sac et m’y rends, c’est à peine à 15 minutes de marche. Un semblant de replat avec moins de cailloux sera idéal pour y planter la tente. Ce cap rocailleux est délimité à l’ouest et au nord par un précipice de plusieurs centaines de mètres, offrant une vue plongeante sur la vallée des lacs blancs, un paysage post-glaciaire saisissant, constitué de dédales rocheux, de lacs et de torrents provenant de glaciers en cours d’extinction.
La fin de journée en ces lieux est agréable, et se termine par de sympathiques lueurs chaudes, avant que la nuit ne plonge tout cela dans l’obscurité. Vers minuit, me voilà dehors à capter les étoiles, surtout la Voie Lactée qui s’élance au-dessus du Col du Sommeiller, magnifique.
Le lendemain matin, la tempête de ciel bleu qui règne ici ne m’inspire pas trop, le lever de soleil est plutôt fade. Il conclut une nuit particulièrement clémente au niveau des températures, malgré l’altitude. Les premiers rayons, dès 7 heures, réchauffent déjà bien la tente qui ne tarde pas à se transformer en serre. J’y lézarde à l’intérieur afin de profiter de cette quiétude puis plie progressivement mon paquetage, prêt à entamer la longue descente vers Bardonecchia…