Après quelques semaines sans montagne, l’appel des sommets s’est fait sentir. A la faveur d’une météo annoncée finalement meilleure que prévue, l’occasion a été toute trouvée pour ce second week-end de septembre.
Hésitant longuement sur ma destination, c’est le massif du Beaufortain qui a eu le dernier mot, du côté de la Pointe de Pralognan. Je démarre la rando à 13h30, depuis le Cormet de Roselend qui est toujours aussi prisé, même en cette saison. Le ciel est partagé entre un bleu azur et des nuages denses accrochant les cimes. Il a plu la veille, l’humidité dans l’air en témoigne encore. Le début du parcours consiste à emprunter pendant une bonne demi-heure une piste à flanc de montagne, en faux plat, jusqu’à rejoindre le ruisseau de la Neuva (2009 m). A partir de là, les choses sérieuses commencent : il faut remonter tout le versant. D’abord sans difficulté, la seconde partie du sentier devient nettement plus physique, proportionnel à la pente. Les courbes de niveau du plan ne laissent guère de doutes sur la véracité de mes propos. Les 300 derniers mètres s’avèrent être un bon exercice de cardio. A 15h20, essoufflé, le passeur de Pralognan est atteint (2567 m). Le plus dur est derrière moi, d’ici je vois l’emplacement repéré pour mon bivouac : un col blotti au pied de l’imposante et rocailleuse Pointe de la Terrasse. A 15h45 m’y voilà. Le ciel s’est entre-temps bien encombré de nuages, il fait frais. Je monte immédiatement ma tente pour avoir la possibilité de m’y réfugier puis prospecte les alentours. La vue est intéressante : le Mont Blanc, la ville des Glaciers, le Cormet de Roselend, le Col du Grand Fond et une partie de la Tarentaise.
J’admire le ballet de la brume qui va et vient sur les crêtes, tantôt me plongeant dans un épais brouillard, tantôt me laissant sous un ciel ensoleillé. En fin de journée, j’observe une mer de nuages venue du Cormet de Roselend qui remonte à toute vitesse, en 5 minutes à peine elle m’envahit. A l’heure du coucher de soleil, de belles ambiances brumeuses s’établissent devant moi, qui auraient été parfaites si un troupeau de moutons ne s’était pas installé à côté. Les deux patous blancs ne semblent manifestement pas favorables à ma présence, ayant le droit à leurs aboiements à mon encontre pendant une vingtaine de minutes. Je dois alors me cacher derrière la crête pour qu’enfin ils m’oublient (et accessoirement éviter tout drame).
La nuit tombée, je vais me calfeutrer dans mon duvet, avec la proche compagnie du troupeau, stationné à 150 mètres. Peu avant minuit, je m’extirpe de mon confort pour aller faire quelques images nocturnes. La brume est en train de se disloquer, je profite de ce qu’il reste pour les intégrer aux compositions. L’atmosphère demeure encore bien humide, de la condensation apparaît sur le matériel. Je renonce alors à faire des poses longues ou des timelapses.
A 6h30 le réveil sonne pour aller immortaliser les couleurs matinales. Le brouillard a disparu, le ciel est laiteux et entaché de traces d’avions, rien de très inspirant. Seuls des nuages au loin, au-delà du Col de la Seigne, au pied du versant italien du Mont Blanc, offrent une magnifique ambiance de haute montagne.
Je retourne me coucher après cette frugale moisson, tandis que les moutons s’activent pour repartir dans les alpages. Je me repose longuement, jusqu’à ce que le soleil émerge au-dessus de la Pointe de la Terrasse vers 10 heures. Ses rayons sont les bienvenus, la nuit a été fraîche et humide. Je quitte les lieux à 11h30. La descente s’effectue bien plus rapidement que la montée, à 13 heures me revoilà au parking. Une sortie qui n’a pas manqué d’intérêt, grâce aux beaux jeux de brumes qui ont animé les paysages !